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Курс французского языка 4 том Г. Може; (стр. 72 из 81)

И в заключение несколько слов о том, в высшей степени социаль-
ном искусстве, каким является искусство декоративное. Можно ли
забыть о роли Франции с XVIпо XXвек в создании мебели, в которой
удобство соперничает с изяществом и элегантностью? Отнюдь не слу-
чайно некоторые стили названы по имени существовавших у нас по-
литических режимов и королей — стиль Регенства, стиль Людовика
XVI, стиль ампир вошли в международный словарь так же, как гобе-
лены и декоративные ткани мануфактуры. Гобелен и вазы, изготов-
ленные на Севрской мануфактуре, стали общим достоянием всех ху-
дожников.


L'ART GOTHIQUE

de Chateaubriand à Péguy, en passant par Victor Hugo et HUYSMANS, la
cathédrale êothique a suscité toute une littérature. Et certes, les mots ne
manquent pas pour célébrer ces immenses oraisons de pierre, que la foi médié-
vale a lancées de la glèbe vers le ciel...

Mais cette fois, l'architecture n'est pas seule en cause: les statues, les rosaces
décoratives, les verrières témoignent, elles aussi, en faveur d'un art presque
surhumain à force de noblesse et de spiritualité.

LA CATHÉDRALE DE CHARTRES

Cette basilique, elle était1 le suprême effort de la matière cherchant à
s'alléger, rejetant, tel qu'un lest, le poids aminci de ses murs, les remplaçant
par une substance moins pesante et plus lucide, substituant à l'opacité de
ses pierres l'épiderme diaphane2 des vitres.

Elle se spiritualisait, se faisait tout âme, tout prière, lorsqu'elle s'élançait
vers le Seigneur pour le rejoindre; légère et gracile, presque impondérable,
elle était l'expression la plus magnifique de, la beauté qui s'évade de sa
gangue' terrestre, de la beauté qui se séraphise4. Elle était grêle et pâle
comme ces Vierges de Roger Van der Weyden qui sont si filiformes, si
fluettes, qu'elles s'envoleraient si elles n'étaient en quelque sorte retenues
-ici-bas par le poids de leurs brocarts5 et de leur traîne. C'était la même
conception mystique d'un corps fuselé, tout en longueur, et d'une âme
ardente qui, ne pouvant se débarrasser complètement de ce corps, tentait de
l'épurer, en le réduisant, en l'amenuisant, en le rendant presque fluide*.

Elle stupéfiait avec l'essor éperdu de ses voûtes et la folle splendeur de
ses vitres. Le temps était couvert et cependant toute la fournaise de
pierreries brûlait dans les lames des ogives, dans les sphères embrasées des
rosés6

Là-haut, dans l'espace, tels que des salamandres7 des êtres humains,
avec des visages en ignition8 et des robes en braises, vivaient dans un
firmament de feu; mais ces incendies étaient circonscrits, limités par un
cadre incombustible de verres plus foncés qui refoulait la joie jeune et
claire des flammes, par cette espèce de mélancolie, par cette apparence de
côté plus sérieux et plus âge que dégagent les couleurs sombres. L'hallali9
des rouges, la sécurité limpide des blancs, l'alléluia répété des jaunes, la
gloire virginale desbleus, tout le foyer trépidant des verrières s'éteignait
quand il s'approchait de cette bordure teinte avec desrouilles de fer, des
roux de sauces, des violets rudes de grès, des verts de bouteille, des bruns

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d'amadou10 des noirs de fuligine", des gris de cendre**.

Et, ainsi qu'à Bourges, dont la vitrerie est de la même époque,
l'influence de l'Orient était visible dans les panneaux de Chartres, Outre
que les personnages avaient l'aspect hiératique12, la tournure somptueuse ei
barbare des figures de l'Asie, les cadres, par leur dessin, par l'agencemeni
de leurs tons, évoquaient le souvenir des tapis persans qui avaient
certainement fourni des modèles aux peintres, car l'on sait, par le Livre des
métiers, qu'au xiiiA siècle l'on fabriquait en France, à Paris même, des tapis
imités de ceux qui furent amenés du Levant par les Croisés.

Mais en dehors même des sujets et des cadres, les couleurs de ces
tableaux n'étaient, pour ainsi dire, que des foules accessoires, que des
servantes destinées à faire valoir une autre couleur, le bleu: un bleu
splendide, inouï, de saphir13 rutilant, extra-lucide, un bleu clair et aigu qui
étincelait partout, scintillait comme en des verres remués de
kaléidoscope14, dans les verrières, dans les rosaces des transepts, dans les
fenêtres du porche royal où s'allumait, sous des grilles de fer noir, la
flamme azurée des soufres.

En somme, avec la teinte de ses pierres, et de ses vitres, Notre-Dame de
Chartres était une blonde aux yeux bleus. Elle se personnifiait en une sorte
de fée pâle, en une Vierge mince et longue, aux grands yeux d'azur ouverts
dans les paupières en clarté de ses rosés; elle était la mère d'un Christ du
Nord, d'un Christ de primitif des Flandres, trônant dans l'outremer d'un ciel
et entourée, ainsi qu'un rappel touchant des Croisades, de ces tapis
orientaux de verre.

Et ils étaient, ces tapis diaphanes, des bouquets fleurant le santal15 et le
poivre, embaumant les subtiles épiées des Rois Mages; ils étaient une
floraison parfumée de nuances cueillie — au prix de tant de sang! — dans
les prés de la Palestine, et que l'Occident, qui les rapporta, offrait à la
Madone, sous le froid climat de Chartres, en souvenir de ces pays du soleil
où Elle vécut et où Son fils voulut naître***.

J.-K. huysmans. La Cathédrale (1898).
Примечания:

1. Герой романа осматривает базилику, чем объясняется использование глаголь-
ного времени imparfait. 2. Просвечивающая, прозрачная. 3. Порода, заключающая в
себе минерал или драгоценный камень. 4. Становится подобной красоте серафимов
5. Парчи. 6. Розы, круглые многоцветные витражи. 7. По древнему поверью, саламан-
дры способны жить в пламени. 8. В пламени. 9. Звук охотничьего рога, возвещающий,
что олень затравлен. Здесь Гюисманс следует принятому в символизме соответствию

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между цветом и звуком. 10. Трут: из истлевшего трута готовилась темно-коричневая
краска. 11. Сажа: шла на изготовление черной краски. 12. Иератический, т.е. величест-
венно-строгий. 13. Драгоценный камень синего цвета. 14. Калейдоскопа. 15 Сандал,
кустарник с ароматной древесиной. Витражи наводят на мысль о Востоке и восточных
благовониях.

Вопросы:

* Relever et étudier tous les termes employés ici pour traduire la beauté presque
immatérielle lie la cathédrale.

** Par quels procédés l'écrivain parvient-il à rendre sensible le flamboiement des
vitraux?

*** On essaiera de caractériser le style de Huysmans d'après cette page.

L'ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE

dans cette France littéralement couverte de monuments de toute sorte, il est
une région plus favorisée encore que les autres et qui est comme un des
sanctuaires de l'architecture nationale: c'est cette vallée de la Loire, au ion оde laquelle la Renaissance paraît avoir accumulé, comme à plaisir, une
floraison de châteaux. Au fait, il doit y avoir là plus qu'une coïncidence: la
rencontre quasi nécessaire d'un paysage et d'un art faits l'un pour l'autre,
puisque épris de la même lumière et se mirant dans les ondes du même fleuve...

/

LES CHÂTEAUX DE LA LOIRE

Les admirables châteaux de l'admirable vallée; plus que double rangée,
non pas double rangée s double lignée, double longée, double cortège,
double jonchée de châteaux1, fleuve que l'on dit qui n'est pas navigable, et
qui porte plus de palais que les autres ne traînent de péniches; quelle autre
vallée dans le creux penché de ses rebords enferme autant de merveilles?
quel autre fleuve a pu se faire un tel cortège royal, fleuve mouvant, de
splendeurs immobilières2? amours de Cassandre; amours de Marie; amours
d'Astrée; poésies pour Hélène; amours diverses; odes; églogues; élégies
hymnes; poèmes; Gaietés; poésies alverses; Le Bocage royal ~ tant de
sonnets, parfaits, tant de poèmes, parfaits; la pureté même; la ligne et la
teinte; châteaux eux-mêmes; châteaux et palais de langage français; et dans
le même temps, dans le même pays, dans la même vallée, du même geste,

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delà même éclosion, du même langage, du même style, cîiàteaux du même
langage français, châteaux et palais de pierres et de briques; doubles
architectures, architectures parallèles; sonnets et poèmes qui sont des
châteaux et des palais; châteaux et palais qui êtes des sonnets et des
poèmes; même langage, également parfait, en deux systèmes, en un
système de pierre et de brique, en un système de mots et de phrases; même
rythme en deux systèmes de monuments — sont-ils également
impérissables? — qui disent la même parole de courtoisie en deux modes,
solides monuments de pierre et de brique, mêmes et également solides
monuments de mots et de phrases, et obéissant aux lois de la même
pesanteur.

Fleurs, feuilles, dentelles, robes et traînes de pierre; fleurs, feuilles,
dentelles, robes et traînes de mots (...).

Fleuve qui chante éternellement le poème de la solitude et de la
tranquillité infinie, le seul pourtant qui ait une cour, le seul qui par une
merveilleuse contradiction intérieure vive en effet dans la solitude la plus
éternelle, dans la quiétude et dans la tranquillité la plus infinie, dans la paix
du cœur et dans le noble seul et seul digne silence, et qui dans le même
temps et pourtant, par une admirable contrariété intime, est aussi le seul qui
se soit fait plus qu'un cortège, plus qu'une cour: le seul qui ait pu se faire
tout un peuple4 de châteaux*.

CHARLES PÉGUY. Situations (1906-1907).
Примечания
:

I. Rangée évoque seulement des objets immobiles, tandis que lignée évoque la naissance
noble; longée, la promenade; cortège, la procession royale; jonchée, la dispersion sur le sol.

2. Букв, образованные недвижимым, т.е. зданиями. Поэт соединяет здесь идеи непо-
движного и движущегося (замки формируют реку, текущую перед нашими глазами).

3. Перечисляются названия произведений (за исключением "Amours d'Astrée") и цик-
лов стихов, написанных Ронсаром, уроженцем здешних мест, а также поэтических
жанров, которые он использовал. 4. Il y a gradation entre cortège, cour, peuple сви-
той, двором, население.».

Вопросы:

* Cherchez dans l'œuvre de Ronsard et dans les châteaux de la Loire dts exemptes
illustrant la comparaison, l'assimilation faite par Péguy. Étudiez le style de cette page,
fait de retours et de reprises, expression d'un soin, d'un scrupule qui ne veulent rien perdre
de la vérité.
Rapprochel Péguy prosateur de Péguy poète (cf. supra: «Adieux à la
Meuse» ).

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VERSAILLES

En majesté, il paraît impossible de surpasser Versailles. Qu'il s'agisse des
bâtiments ou des jardins, des escaliers ou des pièces d'eau, des allées, des
perspectives ou des marbres, tout y respire la noblesse, la somptuosité. C'est à
peine si les Trianons, avec leurs colonnes d'un rosé un peu passé, et le
mélancolique Hameau de Marie-Antoinette apportent une note d'abandon,
voire de nonchalance, à un ensemble d'une infaillible sûreté. Mais, plus encore
que le château, qui sans doute impose à l'excès, c'est le parc et la prodigieuse
géométrie dessinée par Le Nôtre qui aujourd'hui suscitent notre admiration.

LA SEMAINE DES ARBRES A VERSAILLES

Chaque année, durant une semaine environ, a lieu à Versailles une fête
silencieuse et magnifique. Pour y assister, il n'est besoin d'aucune
autorisation et d'aucun privilège. Elle est publique et naturelle. Il suffit,
pour en être librement témoin, de franchir la haute grille dorée qui sépare
la place d'Armes de la Cour d'honneur, dont le sol, inégal et dur aux pas,
est doux à l'œil par les nuances délicates et variées de ses pavés de grès, de
longer la chapelle, de traverser le vestibule et de s'avancer jusqu'au parterre
d'eau qui mire en ses bassins plats ses nobles statues de bronze, et d'où l'on
domine un des plus admirables spectacles qu'il soit possible de contempler.
Quelles que soient, en effet, l'heure et la saison, c'est toujours un lieu
sans pareil que ces jardins de Versailles, avec leur double rampe
harmonieuse et leur perspective que termine le Grand Canal1 et qu'encadré
l'ombrage régulier des arbres; mais il est un instant où ils atteignent une
beauté insolite et particulièrement splendide, et où ils donnent aux yeux
une fête incomparable et qui est comme le moment de leur gloire suprême
et parfaite, celui où l'automne, prince de l'année, les visite et y promène sa
mélancolie sous sa couronne de feuilles d'or.