C'est qu'en effet, dans la bousculade des options et des méthodes, on assiste à l'utilisation, dans le domaine de la stylistique, non seulement de la linguistique, mais de ce qu'on appelle les sciences humaines réputées rationnelles, objectives, scientifiques. Et peut-être, après tout, le paradoxe est-il là : tout, dans l'étude du style, n'étant pas linguistique, la stylistique tâche de renforcer son efficacité en faisant appel aux outils fournis par les sciences humaines par lesquelles elle se sent concernée et par lesquelles elle souhaiterait être solidement épaulée ; or, il se trouve que dans les sciences physiques mêmes, on prend conscience que l'appréhension des faits passe par la pensée de celui qui les appréhendeque, bousculant ce que l'on appelait objectivité, cette pensée est déformante. C'est dire qu'il y a peut-être illusion à vouloir évincer l'humain de l'étude du style sous le principe vain d'une objectivité sujette à caution. Cela ne signifiepas que tout effort pour fournir au stylisticien des outils solides ne soit pas utile; mais cela pose au moins le problème de l'interprétation des résultats obtenus, de leur utilisation aussi, c'est-à-dire en définitive le problème du rôle de la stylistique que de la démarche de celui qui la pratique. On peut répondre à ce problème en renversant les données, en définissant l'objet de la stylistique, le texte donc, non plus par son rôle communicatif mais commeproductivité : le texte « ouvre un écart entre la langue d'usage, « naturelle » destinée à la représentation et à la compréhension, surface structurée dont nous attendons qu'elle réfléchisse les structures d'un dehors, exprime une subjectivité (individuelle ou collective) — et le volume sous-jacent des pratiques signifiantes [...] où les significations germent « du dedans de la langue et dans sa matérialité même » selon des modèles et un jeu de combinaisons [...] radicalement « étrangers » à la langue de la communication ». Et, au bout du compte, en refusant toute spécificité au texte littéraire, situé du même coup parmi toutes les autres pratiques sémiotiques, à égalité avec elles : c'est alors, proprement, nier qu'il existe un objet stylistique. Mais on peut aussi, si on pose que le texte littéraire est un objet stylistique, dire que « la stylistique littéraire étudie, dans le contexte historique des œuvres et des auteurs, le problème de l'expression, dans ses détails et dans son ensemble composé». Il ne faudra pas alors s'étonner de voir la stylistique s'appuyer sur la linguistique mais ne s'appuyer sur elle que jusqu'à un certain niveau... qui ne sera pas le même pour tous les chercheurs, ni s'étonner que les uns voient dans le stylisticien un critique littéraire pendant que les autres préserveront la qualité d'activité scientifique de la discipline qu'il pratique en n'allant pas au-delà d'un bilan qui dégagera «l'adéquation efficace d'un système expressif et d'un contenu», ni s'étonner enfin que l'intuition joue, comme dans les sciences, un rôle de détecteur. «Si la critique stylistique a tout à gagner aux observations d'une science du style, elle doit finalement en transcender les catégories nécessairement étroites».
La linguistique, étude scientifique du langage humain, a, depuis vingt ans, été la bonne fée des sciences humaines. Il n’est pas de porte qu’elle n’ait paru devoir ouvrir miraculeusement. Elle a prêté son vocabulaire à la sociologie, à la psychanalyse, à l’histoire, à l’analyse des mythes. Elle a même débordé sur la biologie d’un côté, sur la critique littéraire et artistique de l’autre.
La linguistique est généralement définie comme l’étude scientifique du langage. Mais cette discipline, qui part donc de l’étude du langage, en arrive surtout à s’en occuper des langues.
La linguistique comme description des langues: elle s’appuie sur l’observation objective du comportement linguistique des sujets parlants; elle décrit tout ce qui caractérise en propre une langue reconnue comme telle, considérant que l’étude d’un état de langue peut avoir valeur explicative, et pas seulement descriptive. Se proposant comme idéal les méthodes des sciences de la nature et l’objectivite du physicien, elle considère une langue comme un système de signes linguistiques.
La linguistique comme étude du fonctionnement du langage : elle s’appuie sur une conception unitaire du langage humain, considérant que les langues particulières ne sont que des cas particuliers du langage.
La linguistique comme une science très développée a plusieurs branches. Dans ce travail nous allons nous arrêter sur la linguistique textuelle ou bien l’analyse de textes et nous allons essayer d’éclaircir toutes ses particularités, et ainsi que ses liens avec d’autres sciences.
Les liens de la linguistique textuelle avec d’autres sciences sont évidents. Elle est liée avec lexicologie, sémasiologie et, bien sûr, avec le texte lui-même, car c’est à travers le texte qu’on découvre toutes les facultés du mot et qu’on réalise les acceptions figurées (secondaires) du langage.
La linguistique textuelle a aussi des liens avec la linguostylistique qui a pour but de décrire tous les types des textes.
Donc les domaines des recherches de ces deux sciences sont étroitement liés. Linguostylistique étudie aussi les moyens expressifs du langage, et notamment les recherches du potentiel expressif des unités de la langue des différents niveaux et leur réalisation dans le texte. Les dernières années linguostylistique a deux directions fondamentales :
3. la description systématique des éléments stylistiquement marqués;
4. l’étude de leur fonctionnement.
La linguistique textuelle est liée à la syntaxe. L’étude du texte devient possible s’il existe des unités qui se caractérisent par des facultés particulières de leurs éléments.
La linguistique textuelle se diffère d’autres disciplines linguistiques. Cela concerne notamment la méthode des recherches : linguistique du texte se caractérise par explication des phénomènes linguistiques non seulement à l’aide d’eux-mêmes, mais aussi grâce aux facteurs extra-linguistiques : la perception du texte et l’objectif communicatif.
Objet de la linguistique textuelle
La linguistique du texte s’occupe de systématisation des faits sur la diversité du fonctionnement des unités de la langue dans le texte.
A présent la linguistique textuelle attire une attention particulière des linguistes. Les dernières décennies sont marquées par le vaste développement de cette science.
Sous le nom d’analyse de textes se trouvent liées deux recherches associées mais distinctes. Il s’agit d’une part de décrire l’ensemble des structures linguistiques plus grandes que les structures traditionnellement analysées dans le cadre de la phrase.
L’intérêt vers l’étude du texte est conditionné par tendance d’expliquer une langue comme un phénomène global du point de vue de la linguistique moderne, comme un moyen de communication, d’étudier plus profondément les liens de la langue avec différentes côtés de l’activité humaine qui se réalise à travers le texte. On peut aussi expliquer cet intérêt par tendance d’étudier les régularités de la langue qui ne se découvrent que dans le texte. La linguistique textuelle est une science qui étudie la nature et l’organisation des conditions de la communication.
L’idée d’étudier le texte suivi a paru pour contrebalancer “atomisme” et d’autres méthodes des recherches qui étaient proposées par les écoles structuralistes. La linguistique structurale ne satisfaisait plus car il y avait plusieurs phénomènes qu’elle ne pouvait pas expliquer.
On peut mettre en relief quelques directions du développement de la linguistique du texte :
1. l’étude du texte comme système supérieur;
2. la construction de la typologie des textes selon les paramètres communicatifs et les marques linguistiques;
3. l’étude des unités composant le texte;
4. la mise en relief des catégories du texte;
5. l’étude des liens et des relations entre les phrases.
Notion de texte dans la linguistique textuelle
On n’a pas encore la seule notion de texte qui serait complète et porterait le caractère terminologique. Donc on va s’arrêter sur celui-ci: « Le texte est une quantité de propositions qui sont liées par différents types de liaison lexicale, logique et grammaticale, capable de rendre une information organisée ».
Conformément à cela l’objet d’étude de la linguistique textuelle est le texte qui est le produit du langage parlé ou écrit.
Le texte peut se trouver dans un état de calme ou bien dans un état de mouvement. Son existence n’est bornée de rien.
Le texte reflète l’actualité et donne des renseignements sur cette dernière.
Il existe plusieurs conceptions qui interprètent différemment la notion de texte.
Texte littéraire
Le texte littéraire c’est un système secondaire parce qu’y se croisent le reflet du monde objectif et l’invention de l’auteur. La langue naturelle est un matériel de construction pour le texte littéraire. La langue du texte littéraire possède un système particulier de signes qui reste le même pour différentes langues.
Règles du discours
Par commodité, on distinguera deux ensembles de règles, d'ailleurs étroitement liés : a) le premier réunit les règles qui permettent la relation qu'il faut instaurer entre l'énonciateur et le destinataire pour que la persuasion soit effective ; b) le second concerne, plus spécifiquement, les moyens techniques qu'il faut mettre en œuvre, c'est-à-dire le travail du texte par l'énonciateur.
Aristote distingue trois types d'arguments : l'argument éthique, l'argument pathétique et l'argument logique. Les deux premiers sont d'ordre affectif, le troisième d'ordre rationnel. L'argument éthique renvoie aux valeurs morales qui, normalement, doivent s'attacher à la personne de l'orateur.
L'argument pathétique renvoie plutôt aux effets de caractère psychologique que l'orateur doit susciter chez le destinataire.
L'argument logique renvoie à l'argumentation même que l'orateur développe, c'est-à-dire à la dialectique du discours, aux preuves qu'il choisit et à la manière qu'il a de les agencer.
Le travail du texte. — S'il est vrai que l'art oratoire est un tout et, comme l’appelait G. Molinié, que la personne physique de l'orateur, son sens de la gestualité, son vêtement même importent, il reste qu'il se réalise essentiellement dans l'élaboration du discours. Le discours est conçu comme un acte de langage complexe, traditionnellement divisé en quatre temps, qu'on désigne par quatre termes techniques repris par calque des traités de rhétorique en langue latine : l'invention, la disposition, l'élocution et l'action.
— L'élocution : moment encore préparatoire, qui concerne l'écriture même du discours, notamment sa forme ou style. Cette exigence stylistique, sur laquelle insiste beaucoup Aristote, se laisse définir à partir de la notion clef de convenance. Il faut qu'il y ait un rapport aussi étroit que possible entre l'objet traité et la manière de le traiter.
L'action : c'est « la prononciation effective du discours » ce qu'il peut impliquer d'effets de voix, de mimique et de gestique»
Liens de la linguistique textuelle avec la stylistique
Il faut bien préciser le fait que la linguistique est étroitement liée à la stylistique et surtout à la stylistique fonctionnelle.
La stylistique est à la fois une méthode et une pratique, c'est-à-dire une discipline.
La stylistique est partie de la linguistique, entendue au sens de science du langage.
La linguistique, comprend incontestablement des disciplines diverses : phonétique et phonologie, sémantique, lexicologie, syntaxe (pour ne citer que des domaines bien connus)... stylistique.
La stylistique est ainsi un instrument de la critique (et notamment de la critique d'attribution).
On pose le postulat suivant : une manière littéraire est le résultat d'une structure langagière. Décrire une structure langagière, c'est démonter les éléments qui la composent, mais auxquels elle ne se réduit pas, et mettre au jour les diverses grilles qui organisent ces éléments.
La pratique stylistique ne peut donc être que structurale.
On peut d'abord envisager de quoi est composé le champ stylistique.
Texte en cadres de la stylistique.
Toutes ces deux sciences sont unies par le même objet d’étude : LE TEXTE. Qu’est-ce que c’est donc un texte?
Evidemment, il faut entendre texte au sens large : depuis l'unité qui se donne elle-même comme telle (scène, chapitre, poème), jusqu'à l'oeuvre complète et même à la série générique.
Justement, le texte est un montage, par un côté ou par l'autre : montage de structures langagières à la production, y compris montage, plus automatique, des modèles généraux d'expression par rapport aux types fondamentaux de discours.
La notion de style est déterminante pour évaluer la convenance entre l'objet traité et la forme du discours. Le style, composante centrale de l'élocution dans les genres rhétoriques, devint naturellement une composante tout aussi centrale dans les genres poétiques une fois que ceux-ci furent réinterprétés par référence à ceux-là. Il en résulta que l'étude de la forme des genres poétiques ne fut plus seulement l'étude des moyens d'expression (prose contre vers) ou des modes d'imitation (imitation pure ou récit), mais finit par inclure aussi l'étude des niveaux de langue en convenance avec tel ou tel sujet (ainsi la langue de la tragédie ne saurait se confondre avec celle de la comédie) et accorda une place majeure aux éléments ornementaux que sont les figures de rhétorique, pensées comme un élément essentiel du pouvoir de séduction que l'œuvre littéraire doit posséder à l'instar de tout discours (notamment le judiciaire).