Depuis la première tentatived'unification du bassin méditerranéen par l'Empire romain, ils enont souvent rêvé. Charlemagne pensait déjà àune Europe unifiée ; Henri IV avançait l'idée d'un conseileuropéen ; Napoléon, lui, entreprit, sans succès, deréaliser l'Europe des nations. Ainsi, à partir de mai2004, l'Union européenne (UE) élargie passera de quinze àvingt-cinq pays membres en intégrant huit nations ayant recouvréliberté et identité après l'effondrement du blocsoviétique.
L'Europe s'agrandit et, dans le même temps, un nouveau glacis se forme sur sesmarches orientales. Les pays qui intégreront l'Union européenne(UE) en 2004 doivent sécuriser leurs frontières. Ainsi laPologne, qui se trouvera en première ligne à l'Est devrainstaller un poste frontière tous les 25 km – conformémentà la norme européenne – sur les 1 170 km qui la séparentde la Russie, la Biélorussie et l'Ukraine, et avoir embauché unmillier de gardes frontières.
Par contre
Même s'il s'agit d'un domaine sensiblede la souveraineté des Etats et de leurs intérêtsparticuliers, la politique étrangère et de défenseconstitue un domaine où l'approche communautaire me semble fondée.Tout d'abord, parce que sont en jeu des matières transnationales ;ensuite, parce que l'action communautaire revêt des avantagesindéniables de par sa dimension et ses effets. Cependant, je ne pensepas qu'il soit possible, pour l'heure, d'imaginer une communautarisation totalede ce domaine. Par contre, j'estime indispensable ledéveloppement de stratégies de politique étrangèrecommune et de programmes d'action aux effets tangibles et efficaces, ainsi que,sur le plan de la défense, de programmes de politique de défensecommune. Il s'agit là, d'après moi, d'une priorité.
Les grands fonds de réserve quiexistent à travers le monde placent aujourd'hui au maximum 60 % de leursactifs en actions, même si leur horizon d'investissement est lointain.Calpers, premier fonds de pension public américain, a même ramenéle niveau des actions dans son actif à 59 % fin 2002, contre 64 % fin2001. En 1992, elle était de 45 %.
S'il est amené à baisser, nefaut-il pas craindre, compte tenu du caractère excessif desmarchés, un krach du dollar ? Non, selon les spécialistes deHSBC, dans la mesure "où celui-ci serait à touségards trop déstabilisateur. La nécessité deprotéger les marchés boursiers de la dépréciationdu dollar amènera même à des manœuvresrécurrentes de stabilisation des cours de la deviseaméricaine."
Pour les économistes allemands, ce quiprime, ce n'est pas la conjoncture, mais les structures de l'économie. Mêmeen période de stagnation, il faut s'attaquer aux obstacles qui freinentstructurellement l'activité – le coût et le droit du travail, lesretraites et la fiscalité –, seul moyen de vraiment relancer lacroissance.
Si la notion de développement durable aun sens, il s'agit d'augmenter l'ombre portée du futur sur leprésent, de limiter l'excès d'opportunisme propre au monde desaffaires, de tenir des engagements dans la durée (vis-à-vis del'environnement, des clients, des employés, des actionnaires...) etceci, même lorsque les circonstances sont défavorables etque les conséquences financières de ces engagements risquentd'être négatives.
Les chemins de laprospérité passent par le développement d’un Etat moderne.Puisque la politique économique ne peut faire de miracles et quel’initiative privée ne se décrète pas, la premièretâche des responsables politiques est d’améliorer le rapportqualité-prix des prestations assurées par l’Etat :éducation, santé, sécurité, infrastructurescollectives, recherche. Même Jean-Pierre Chevènement, quibrandit bien haut l’étendard du service public, promet un « Etat réforméet recentré sur ses tâches ». Qui sera à la hauteur ?
Reste que la France estdevenue, dans l’ensemble de l’Union européenne, championne de lafécondité. Même l’Irlande (189 enfants pour 100femmes) est désormais derrière elle, tandis que les chiffresespagnol (119), italien (121) ou allemand (137) sont franchementinquiétants.
Risque de déficitexcessif, dit-on ? Ce n’est pas sérieux ! La politique budgétaireallemande n’est pas devenue laxiste : même la Commission ajusqu’ici validé cette politique.
Depuis le début de l’année, leDow Jones, l’indice phare de la Bourse de New York, a reculé de 7 %,tandis que celui du Nasdaq, la Bourse électronique de la nouvelleéconomie américaine, a plongé de 20 %. En Europe, ce n’estguère mieux : le Cac 40 ne décolle pas des 6 000 points depuis ledébut de l’année et le Dax allemand n’a gagné que 1 %. Cen’est pas (du tout) le krach pour autant (sauf pour les valeurstechnologiques). Après un creux marqué en septembre, lesmarchés ont même progressé nettement en octobre.
Non seulement cette grande nation, àcheval sur l'Europe et l'Asie, ne fait partie d'aucune des deux fournéesd'Etats désignés (pour 2004 et 2007), mais elle ne se voitindiquer aucune date lui permettant d'entrevoir une possibleintégration.
Les Quinze n'ont même pasdaigné donner à Ankara quelque espoir d'être un jouradmissible à l'UE en lui fixant une échéance, mêmelointaine.
Mais
La Commissioneuropéenne vient en particulier de publier un livre vert qui marque uneétape importante dans sa prise en compte par les pouvoirs publics. Maiscomment faire savoir aux consommateurs que les produits ou les services qu’onleur offre sont effectivement produits dans des conditions socialementcorrectes ?
A terme, comme cela avaitété le cas dans les années 80 pour les démarches decertification de qualité, une certaine standardisation s’imposera sansdoute. Peut-être, comme les Belges l’envisagent, se fera-t-elle sousl’égide des pouvoirs publics. Mais les enjeux politiques (pour cequi est garanti) et économiques (qui paie et qui contrôle ?) sontcolossaux.
Il peut certes arriver –ce fut le cas dans les années 80 – que la masse des profits augmenteplus vite que celle des salaires. Mais, à long terme, ladynamique économique du capitalisme repose sur un partage stable entreprofits et salaires.
Il faut attendre la plus brutale desdictatures (de 1973 à 1982) pour esquisser une remise en question dumodèle protectionniste et étatiste. Mais, au lieu deprivatiser un secteur public pléthorique, de désendetter l’Etatet de le recentrer sur l’éducation, la santé et leséquipements collectifs, les dictateurs donnent la prioritéà une libéralisation financière incontrôléepour attirer des capitaux étrangers.
Cent femmes dans cettetranche d’âge ont donné naissance en 2001 à 91 enfants,alors qu’elles donnaient naissance à 53 enfants seulement en 1980. Maisnul ne sait si ce rattrapage va s’amplifier ou si, au contraire, il n’est quepassager.
D’ailleurs
Bien sûr, le succès de cesentreprises ne tient pas qu’à leur politique sociale au rabais. Unerécente étude (3) de l’European Cockpit Association – ECA, lesyndicat européen des pilotes – montre que, si le prix de revientpar passager des compagnies low cost (à bas coûts) estinférieur de 57 % à celui des autres transporteurs, le moindrecoût du poste « personnel navigant » ne représente qu’une toutepetite part de ces économies : 3 points seulement. En fait, leurcompétitivité repose surtout sur les économiesréalisées sur le produit lui-même et sur la qualitédes prestations : la densité des sièges y est supérieure,ce qui permet de transporter plus de passagers et représente 16 pointsdes 57 % d’économies réalisées ; les repas et lesrafraîchissements servis à bord sont payants (6 points), etc. Cen’est d’ailleurs pas un hasard si les Anglo-Saxons utilisent, pourdésigner ces compagnies low cost, le terme « no frills »,c’est-à-dire « sans chichis ».
Cette période de transition rendmalaisée une estimation des flux migratoires. Il est d'ailleursprobable qu'après ce moratoire la différence de niveau de vie etde coût du travail ne soit plus significative, rendant lamain-d'œuvre des PECO moins attrayante.
Plusieurs Etats européenséprouvent déjà les difficultés économiquesdécoulant d'un modèle inadéquat de disciplinebudgétaire, conçu pendant et pour une période d'expansionéconomique. Certains de ses effets négatifs ontdéjà été dénoncés. On invoque,à juste titre d'ailleurs, le cas des Etats-Unis après le11 septembre 2001. Ils ont su, avec un pragmatisme salutaire, adopter despolitiques macroéconomiques consistantes et n'ont pashésité à subordonner les grands équilibres, commel'équilibre budgétaire ou de la balance des transactionscourantes, à des objectifs jugés supérieurs : lacroissance économique et l'emploi. C'est un exemple dont l'Europepourrait s'inspirer.
Nous avons mis près de cinquante ansà disposer d'une monnaie unique. J'ose espérer qu'enmatière de politique étrangère de sécuritéet de défense (PESD) nous obtiendrons des résultats positifscomparables.
D'ailleurs, dansce domaine, l'Europe a déjà remporté quelquessuccès importants. Ce sont des signes d'espoir. Je pense au protocole deKyoto ou à la lutte internationale contre le terrorisme. Je pense, bienentendu, à la Cour pénale internationale (CPI).
Avant d'affronter le futur, il convient deregarder le passé. Pas celui de l'entrée, en 1995, de l'Autriche,de la Finlande et de la Suède. Plutôt 1986, lors del'adhésion de l'Espagne et du Portugal. Même s'il ne s'agissaitque de deux pays - et non pas dix – des craintes à peu prèssimilaires agitaient les membres fondateurs d'une Europe qui poursuivait sacrise de croissance. Beaucoup de verrous avaient étéprévus pour éviter ce qui semblait pourtant l'inévitable :le déferlement vers le Nord de travailleurs attirés vers desdémocraties installées et des conditions de vie prometteuses.Mauvais calcul. La ruée n'a pas eu lieu, au point que lespériodes de transition instaurées pour l'Espagne et le Portugalavaient été raccourcies de deux ans. De même,l'hypothèse de voir l'Union tirée vers le bas ne retient pastrès longtemps l'attention des experts, qui évoquentimmédiatement "l'acquis communautaire" : les directivesdéjà adoptées empêcheront toute remise en cause desdroits sociaux. Le socle commun ne descendra pas d'un étage.
Les pays candidats ne manquent pas d'atouts, d'ailleurs: une croissance économique qui nécessitera tous les brasdisponibles et devrait attirer pas mal d'investissements étrangers, unepopulation active plutôt qualifiée, un systèmeéducatif de bon niveau, etc.
En effet
Après deux années de travailsous pression et des journées de congé fréquemment «reportées » pour remplacer un collègue absent, Stéphane afini par négocier son licenciement : « Le salaire n’était pasà la hauteur des efforts demandés. Chez Hertz, je gagnais 7 200francs brut par mois, sur treize mois. Chez Rent a Car, ma feuille de paiedépassait rarement 6 500 francs, sur douze mois. Sans ticket-restaurant,bien sûr, alors que j’en avais chez Hertz. » Pour réduire lescoûts, les discounters jouent en effet sur larémunération et les avantages sociaux.
Un cauchemar ? Presque, à en croire lequotidien de ces couples logés à l’année dans un minusculeappartement d’une vingtaine de mètres carré. Astreints àvivre sur place, ils peuvent être réveillés plusieurs foispar nuit par des locataires qui ne comprennent pas le fonctionnement dudistributeur automatique. Quand ils ne doivent pas faire la police sur leurparking, cible privilégiée des voleurs en tout genre.
Chasse aux coûts oblige, les hard-discounters offrent, en effet,très souvent de moins bonnes conditions de travail à leurssalariés que les autres entreprises du secteur. Formule 1n’échappe pas à la règle.
Côté vainqueurs, la droite – quia seulement raflé la mise de l’effondrement du Parti socialiste (PS) etde la crise de confiance dans les partis de gouvernement – se comporte comme siun programme néolibéral avait été largementapprouvé par les électeurs. Sans réel mandat populaire, ellemet donc en place peu ou prou le projet libéral du Medef. C’est le signed’une mutation remarquable de la droite française. Rappelons en effetque, jusqu’au milieu des années 90, cette dernière n’avait pastout à fait rompu les amarres avec une tradition conservatrice,dirigiste, nationaliste, puis gaulliste, en réalité incompatibleavec le vrai libéralisme économique.
Mais vouloir satisfaire les critèresà marche forcée pourrait leur causer un tort biensupérieur aux gains qu’ils en attendent. La logique de Maastrichts’appliquait à des pays parvenus à un stade à peuprès comparable de développement, et non à des pays ensituation de rattrapage. Que signifie en effet l’obligation d’undéficit public inférieur à 3 % du produit intérieurbrut (PIB) quand les besoins d’investissements publics sontconsidérables, surtout quand on considère que la dette publiquede ces pays est souvent très largement inférieure au plafond de60 % du PIB fixé par le traité.
La grande fièvre desfusions-acquisitions qui s’est emparée des entreprises à la findes années 90 a aussi encouragé l’emballement boursier.Au-delà de toutes les justifications stratégiques que l’on a puavancer pour de telles opérations, la menace d’offre publique d’achat(OPA) a joué en effet comme une incitation supplémentaireà maximiser le cours boursier de l’entreprise.
Il aura fallu du temps pour que leréalisme macroéconomique vienne à bout de l’euphorie desmarchés. Il a bien fallu admettre que les profits prévus par lesanalystes financiers et reflétés dans les cours des actionsétaient intenables à long terme. En effet, une croissancedes profits nettement supérieure à celle de l’économieréelle ne peut être un phénomènegénéral et durable.
Autre évolution, bien moins connuecelle-là : le travail est de plus en plus salarié et de moins enmoins indépendant. Quel est le pays qui compte le moins de chefsd’entreprise et de travailleurs indépendants ? Peu de gens connaissentla réponse. Elle est pourtant logique : ce sont les Etats-Unis, carc’est aussi le pays économiquement le plus avancé. Lasalarisation est en effet au cœur de la dynamique du capitalismedepuis plusieurs siècles déjà, et le mouvement esttoujours à l’œuvre : il devient en effet de plus en plusdifficile de rester son propre patron dans une économie oùl’intensité en capital (matériel, mais aussi de plus en plusimmatériel) de l’activité économique s’accroît sanscesse.